Résiliente, rassembleuse et profondément humaine, Sandy Poiré, CFA, a insufflé à son mandat une énergie sincère et motivante qui a laissé une empreinte forte auprès de l’équipe. À la tête du conseil d’administration durant les célébrations du 75e anniversaire de l’Association, elle a su fédérer autour d’une vision inclusive, portée par l’écoute, l’innovation et la rigueur. Ancienne athlète de haut niveau, gestionnaire engagée et mère de famille, Sandy incarne un leadership authentique, forgé dans l’effort et nourri par des valeurs fortes. Alors qu’elle s’apprête à passer le flambeau, nous avons eu le privilège de revenir avec elle sur les moments marquants de son parcours, les apprentissages qu’elle en tire et les messages qu’elle souhaite transmettre à la relève.
Sandy, tu es impliquée auprès de l’Association depuis 2017. Peux-tu nous parler de tes débuts et de ce qui t’a motivée à l’époque?
Obtenir la désignation CFA n’a pas été un parcours sans embûches. Je n’ai pas réussi tous mes examens du premier coup, et je pense qu’il est important de le dire, car cela fait partie intégrante du chemin. Avant la finance, j’ai consacré 16 années au patinage artistique, un sport qui m’a façonnée bien au-delà de la glace. Dès l’âge de 10 ans, j’ai quitté le foyer familial pour m’entraîner à Trois-Rivières, puis à Montréal. Le patin a été une véritable école de la vie: il m’a appris la discipline, la gestion du temps et l’art de prioriser ce qui compte vraiment.
Je suis naturellement compétitive, persévérante et résiliente. Ce parcours m’a mise au défi à plusieurs niveaux, mais il m’a aussi permis de grandir, tant sur le plan professionnel que personnel. Obtenir la désignation CFA® a été une immense fierté, d’autant plus que je l’ai obtenue dans une langue que je n’ai apprise qu’à partir de 17 ou 18 ans. Ce défi supplémentaire a rendu l’accomplissement encore plus gratifiant.
Quand j’ai rejoint CFA Montréal en 2017, c’était avant tout par envie de m’impliquer activement dans la communauté financière montréalaise. Ce qui m’a attirée, c’est la mission de l’Association: élever les standards professionnels et encourager le développement continu. À l’époque, j’avais aussi besoin de sortir du cadre très technique de mon quotidien, et de rencontrer des gens passionnés et engagés, avec qui je pouvais apprendre, échanger et évoluer.
Qu’est-ce que tu retiens de cette expérience?
C’est un excellent terrain d’apprentissage pour exercer mon leadership dans un contexte différent de mon environnement de travail. Cette expérience m’a vraiment permis de devenir une meilleure gestionnaire au quotidien.
J’ai également été agréablement surprise par la richesse des échanges humains. Je le dis souvent, mais la communauté financière montréalaise est tricotée serrée, alors c’était une belle opportunité de rencontrer des personnes passionnées, engagées et aux profils variés.
Quels conseils as-tu pour les jeunes femmes qui songent à une carrière en investissement? Et pour la relève en général?
Mon conseil aux jeunes femmes est simple: n’attendez pas d’avoir toutes les réponses pour avancer. Osez. Soyez visibles. Exprimez vos idées, même si elles sortent du cadre ou bousculent les conventions. Ce sont souvent celles-là qui font réellement évoluer les choses. Entourez-vous de personnes qui vous inspirent: des mentors bien sûr, mais aussi des alliés capables de vous mettre au défi avec bienveillance. Et surtout, restez fidèles à votre boussole intérieure. Elle sera votre repère dans les moments de doute ou d’incertitude.
À la relève en général, je dirais que l’excellence technique ne suffit plus. Ce qui fera la différence, ce sont des qualités comme l’empathie, l’écoute, la capacité d’apprendre vite et l’humilité de se remettre en question. Dans un monde en perpétuelle transformation, ces compétences deviennent essentielles.
J’ai eu l’occasion de mettre ces principes en pratique dans mon propre parcours. Chez mon employeur, j’ai initié un changement latéral, une première dans l’organisation. J’ai préparé une présentation pour démontrer la valeur ajoutée de cette évolution, et ce travail a porté ses fruits. Aujourd’hui, je suis responsable de cette classe d’actifs, avec une équipe dédiée. Ce que je retiens de cette expérience, c’est qu’il faut oser repousser les limites, innover et parfois créer ses propres opportunités. Le succès ne tombe pas du ciel — il se construit, souvent là où il n’y avait encore rien.
Que souhaites-tu aux membres de CFA Montréal pour l’avenir?
Je nous souhaite de continuer à apprendre, à partager et à innover, ensemble. Que chacune et chacun puisse trouver, au sein de cette communauté, un espace pour grandir, s’inspirer et contribuer à faire une réelle différence. Et surtout, que nous restions fidèles aux principes qui nous définissent: l’éthique et l’intégrité, au cœur de notre profession.
Collectivement, j’espère que nous continuerons à faire évoluer notre industrie pour qu’elle reflète les valeurs du monde que nous aspirons à bâtir: plus juste, plus durable et plus inclusive.
Qu’est-ce qui te passionne le plus dans ton travail, au-delà des résultats?
Je travaille pour une caisse de retraite corporative, et ce qui me motive profondément, c’est de savoir que chaque décision que nous prenons a un impact direct sur la vie des personnes retraitées. Derrière chaque chiffre, chaque stratégie d’investissement, il y a des personnes qui ont travaillé toute leur vie et qui comptent sur ce revenu pour vivre dignement. Ce n’est pas une question de rendement pour le rendement: c’est une responsabilité humaine avant tout. Cette conscience donne un sens très concret à mon travail. Nous investissons pour créer de la valeur durable, mais aussi pour assurer la stabilité et la tranquillité d’esprit de celles et ceux qui ont contribué à bâtir notre économie. C’est cette dimension humaine qui me passionne le plus: savoir que notre travail contribue à protéger l’avenir de milliers de personnes.
Y a-t-il une rencontre ou un moment marquant durant ton mandat qui t’a particulièrement touchée?
Avoir eu le privilège de présider CFA Montréal durant son 75e anniversaire a donné une dimension toute particulière à mon mandat. Ce fut bien plus qu’un rôle de représentation: une occasion unique de célébrer le parcours de l’Association, son leadership, son esprit d’innovation à travers les décennies et, surtout, l’engagement de toutes celles et ceux qui ont contribué à bâtir cette communauté. Ce moment restera gravé comme une grande fierté, tant sur le plan professionnel que personnel.
Un autre souvenir marquant remonte à mes débuts au sein de CFA Montréal: la conférence de Carla Harris, Pearls of Wisdom. Ses réflexions sur le leadership ont profondément résonné en moi. Elles m’ont motivée, inspirée, et ont influencé ma façon d’aborder les responsabilités et les relations humaines dans mon parcours.
Comment as-tu évolué personnellement au fil de ton engagement avec CFA Montréal?
Mon engagement au sein de CFA Montréal m’a permis de grandir sur plusieurs plans. J’ai appris à écouter autrement. J’ai découvert comment fédérer des énergies autour d’une vision commune, en mobilisant les talents et les idées de chaque personne.
Cette expérience m’a aussi aidée à mieux naviguer dans la complexité, à prendre des décisions plus stratégiques et à affiner mon jugement dans des contextes parfois nuancés. Mais, plus que tout, j’ai compris que le vrai leadership se manifeste dans la capacité à s’effacer pour permettre aux autres de grandir.
Comment arrives-tu à concilier ton engagement professionnel avec ta vie personnelle?
Tout ce que je fais est guidé par mes valeurs, et c’est avant tout une question de priorités. Mon parcours en patinage artistique m’a appris la discipline, la gestion du temps et la capacité à concentrer mon énergie sur ce qui compte vraiment. Pour avancer sereinement, je m’appuie sur le soutien précieux de ma famille et de mon employeur.
Mon mari travaille lui aussi en finance et détient la charte CFA. Avec nos responsabilités respectives, la communication et le soutien mutuel sont essentiels. Nous prenons le temps de discuter de nos aspirations et de nos défis, à court comme à moyen terme, pour rester alignés.
J’ai aussi de jeunes enfants, et ma famille est au cœur de mes priorités. Être présente pour leurs activités à l’école ou à la garderie est fondamental pour moi. J’ai appris à dire non lorsque c’est nécessaire, pour être là dans les moments qui comptent. Tout ce que je peux déléguer — cuisine, ménage, tâches du quotidien — je le fais pour consacrer plus de temps à ma famille. Les repas partagés, les soirées ensemble: ces instants simples sont précieux et essentiels. L’équilibre parfait n’existe pas, mais j’ai choisi d’agir en cohérence avec mes convictions. Pour moi, le véritable engagement repose sur la qualité de notre présence et sur notre capacité à rester centrés sur ce qui nous anime. Savoir dire non, parfois, c’est aussi une forme de leadership personnel.